Je suis chef de projet. Courant 2020, un client m’intime : « De vous à moi – je préfère que le budget soit consacré à ceux qui font du actual work, comme les développeurs par exemple ».

Le message sous-jacent était clair : la gestion de projet, ce n’est pas du « vrai travail ». Avant de vous laisser juger, voici quelques pistes de réflexion (en toute subjectivité).

C’est quoi un chef de projet ?

Décrire mon métier à des personnes qui ne le connaissent pas n’est pas toujours simple. En effet, il varie beaucoup selon le type de projet encadré. Pour suivre une méthodologie rigoureuse, voici une définition tentative des termes du sujet :

• Chef : si on peut traduire ce terme classiquement comme « la personne qui commande, qui détient le pouvoir de décision », j’opterais plutôt pour la définition suivante : le chef, c’est la tête (opiner du chef, couvre-chef… vous l’avez ?)
• Projet : de l’étymologie « pro » et « jacere » (ou jeter – qui d’autre ici a eu son bac de latin ?), on peut en déduire qu’un projet est un mouvement vers l’avant, un dessein pour l’avenir. Comme si le projet était intrinsèquement et par nature, en action.

Tout cela est bien théorique, alors revenons-en aux faits. Le chef de projet est un professionnel chargé de mener à bien un projet en suivant et contrôlant l’ensemble de son déroulement. Ce projet, ça peut être tout et n’importe quoi. Vous avez déjà organisé des vacances entre amis ? Un mariage ? Une partie de loup-garou ? Félicitations, vous aussi, vous avez été chef de projet. C’est sans doute pour cela que, dès qu’un client l’entend, il se dit « c’est rien, c’est tout, c’est vague, c’est flou, à quoi bon ? ».

Mais QUE fait le chef de projet ?

Pour lever ces doutes, nous parlerons ici de ce qu’on sait faire (et qu’on commence à bien connaître chez CosaVostra) : la gestion d’un projet digital. Prenons pour exemple la refonte d’un site Internet, et essayons de sortir du vague ce que fait concrètement un chef de projet en agence.

1. Idéation et conception du site : pendant cette phase, le chef de projet vous aide à vous poser les bonnes questions, pour imaginer un site qui répond à vos besoins mais aussi à vos contraintes. Il participe à tous les ateliers de conception – pas seulement à titre de scribe – et tâche d’anticiper tous les points qui pourraient s’avérer bloquants par la suite.
2. Pendant la conception des wireframes et des maquettes, le chef de projet devient votre porte-parole : il briefe les créatifs afin qu’ils aient bien en tête tous les enjeux du site. Dans un second temps, il leur transmet vos retours, en s’interrogeant toujours sur leur pertinence par rapport aux objectifs globaux du site (promis, ce n’est pas uniquement pour vous mettre des bâtons dans les roues) – le chef de projet doit être porteur d’une vision à long terme du projet.
3. Vos maquettes sont validées ? Vient le temps des spécifications fonctionnelles et du brief des développeurs. Qui s’en charge ? Vous vous en doutez, c’est ici encore une attribution du chef de projet – qui est en mesure, par son implication depuis le début, de lister minutieusement tous les comportements attendus et de les traduire tant que possible en “langage dev” (pas toujours une mince affaire !). Il se fait ainsi le passeur entre la phase de conception et la phase de développement : de son brief découlent de nombreux arbitrages et choix techniques.
4. Pendant les développements, le chef de projet accompagne les développeurs : il répond à leurs éventuelles questions, les aide à se coordonner ou à entrer en contact avec des prestataires tiers si nécessaire. En contrepartie, il leur pose des questions afin de vous tenir informé de l’avancement du projet. C’est particulièrement utile dans cette phase « tunnel » où il est difficile de montrer des avancements concrets et où l’impatience peut vite grandir.
5. Recette et mise en ligne : pendant la recette de votre site, le chef de projet joue un rôle essentiel : il établit le cahier de recette (liste de référence des tests à effectuer pour s’assurer du bon fonctionnement du site), et c’est la première personne à entrer en phase de test. Il fait remonter tous les problèmes à l’équipe technique, priorise les bugs (est-ce bloquant pour la sortie ? sinon, est-ce que cela nécessite une résolution immédiate ?), vous informe de la progression des corrections. C’est lui qui donne son aval avant que vous puissiez à votre tour faire vos tests. Le jour de la mise en ligne, il est aux premières loges, et est le point de relais entre l’équipe technique et vous.
6. Et tout au long du projet… il demeure votre point de contact privilégié. Répondre à vos questions, organiser des ateliers de réflexion, s’assurer que le planning est tenu, que le budget est respecté, vérifier que personne ne se trouve bloqué dans l’avancement du projet, s’efforcer de préserver le moral et l’efficacité des troupes dans les périodes où tout ne se passe pas comme prévu (il y en aura forcément, croyez-nous). Il est tel le chien du meme « This is fine » qui doit garder son calme et trouver des solutions créatives lorsque tout prend l’eau autour de lui (ou le feu, ou peu importe la catastrophe). Aider les autres, c’est du travail – même si, on vous l’accorde, c’est plus difficile à quantifier que des lignes de code où des maquettes.

Vous l’aurez compris, ceci est un plaidoyer. Pour en revenir à notre définition initiale : si le projet, comme son étymologie le suggère, avançait tout seul comme par enchantement, alors oui, le chef de projet n’aurait que peu de valeur ajoutée. Mais pour que le projet ne soit pas qu’un projectile erratique, qui atterrit où et quand il peut dans un grand plouf d’indifférence, il a besoin de sa tête (certains projets, comme l’hydre de Lerne, en ont même besoin de plusieurs, mais je m’égare).

Chez CosaVostra, on a de nombreuses têtes qui n’attendent que de se greffer à tous vos projets digitaux, et qui n’ont pas peur du actual work – pour que votre projet works, actually.

On s’en parle ?