Idées

2021, l’année de la revanche

5 désirs enfouis derrière nos belles résolutions

2021, l'année de la vengeance

On nous avait prédit la fin de l’Histoire avec un grand H. On dirait qu’on s’est trompé. On ne sait pas encore de quoi la prochaine saison de notre flux d’infos sera faite, mais on sait qu’elle sera mouvementée. En plein suspens, en attendant Joe Biden et les vaccins, je me suis prêté au jeu des prédictions. 

Mes intuitions pour 2021 ? On prendra notre revanche, on se repliera, on se touchera, on se divertira, on rira, puis, on ira danser.

On prendra notre revanche

Au temps du capitalisme, la revanche a le goût de cash et de pétrole, de revenge shopping et de revenge travelling. À toutes les belles âmes persuadées que 2020 aura eu la vertu de transformer l’humanité confinée en locavores éco-responsables, regardez les files d’attente devant les malls asiatiques, la croissance du e-commerce, et la boule de cristal des investisseurs : la Bourse. L’action LVMH fait des bons, celles d’Expedia ou de Booking ont déjà retrouvé leur niveau d’avant la crise.

On peut imaginer fin 2021 un boom concomitant des banques alimentaires et du CAC 40. Pendant que beaucoup d’abandonnés du chômage partiel ne boucleront pas leurs fins de mois, nous, privilégiés de tous bords, alimenterons une reprise en trompe-l’œil. Un défoulement consumériste que l’Instagram Shopping aura installé à portée de clics sans parvenir à l’éponger en 2020.

Le crédit carbone accumulé pendant le confinement devrait servir de bonne conscience utile à la plupart d’entre nous. Quand la tentation sera trop forte de jouir à nouveau de notre liberté de voyager, ceux qui le pourront n’hésiteront sans doute pas longtemps à reprendre des avions low-cost pour leurs longs week-ends, à passer leurs étés dans les îles grecques, puis à retourner skier. Avec des œillères pour ne pas voir la colère de ceux qui battent le pavé de nos centres-villes habillés de gilets jaunes. Une colère sans programme commun, mais chargée d’un ressentiment identitaire et d’une vraie conscience de déclassement, à défaut d’être une conscience de classe.

On se repliera

“Inch’Allah” : c’est la phrase de l’année 2020 selon le New York Times. Pour sa reprise par Joe Biden dans le débat présidentiel et sa capacité à exprimer l’espoir comme la résignation. Aucune chance qu’elle ne reçoive semblable distinction en France. Le débat sur l’identité nationale n’en finit pas, et Allah n’est pas en odeur de sainteté. Il est maltraité par les extrémistes ; il est malmené par la laïcité, cette idée élastique dont on abuse abondamment. À mesure que la présidentielle de 2022 se rapproche, on prend le pari qu’elle sera au cœur des débats. Et que ceux-ci tourneront à l’avantage d’une République intransigeante, où l’assimilation est la règle. Plus facile, et plus rentable, de parler de valeurs républicaines que de fracture sociale et de caddies vides.

On se touchera

“Et toi, t’es vacciné ?” Ça devrait commencer comme ça, de manière hésitante… peut-être suivra-t-on des protocoles contradictoires, entre le vert et l’orange, avec des consignes précises mais changeantes. Sur le nombre de bises, le nombre de proches autorisés, l’âge des participants, l’heure des festivités. Peut-être y aura-t-il une nouvelle app’ ? Peut-être qu’on s’épargnera ce ridicule, et, qu’à l’orée de l’été, la vie reprendra son cours… Une bise et un apéro, un hug et une pinte et, dans chacune de nos étreintes, une émotion nouvelle. Celle du temps retrouvé.

On se divertira mieux, on s’informera moins

Tendances de fond que le confinement n’aura fait que prolonger. Il y a 20 ans, on avait cinq chaînes hertziennes, la trilogie du samedi sur M6, l’inspecteur Columbo sur TF1. On téléchargeait des blockbusters sur Napster, même si c’était long et illégal. Les réseaux sociaux n’existaient pas. Google avait amorcé la crise de la presse, mais on avait davantage de temps pour lire. Il y avait 40 000 marchands de journaux en France, et on voyait même, parfois, de jeunes adultes s’y engouffrer.

Avance rapide. 2021. Nos parents sont sur Instagram. On regarde des parties de jeux vidéo à midi sur Twitch et des séries Netflix après le dîner. Les audiences des sites d’info ont battu des records en 2020 qu’il sera dur de maintenir en 2021 à l’heure du déconfinement. Surtout, ces sites d’info, hier comme demain, auront du mal à rivaliser sur le terrain de l’attention avec les plateformes de streaming : deux minutes par visite sur lemonde.fr, deux heures par jour et par abonné sur Netflix. 

Dans le même temps, la presse imprimée sombre : plus que 20 000 points de vente, un système de distribution au bord de la faillite, et des magazines, moins subventionnés que les quotidiens, nombreux à avoir jeté l’éponge en 2020.

Le futur de l’information se joue dans nos bulles, sur ces plateformes sociales qui se gardent bien d’assumer leur rôle de média tout en choisissant pour nous l’info que l’on consomme.

Mais tout n’est pas foutu. Sur les réseaux d’abord, des pure players ont su se faire une place dans nos feeds avec une réelle exigence journalistique. Récemment, c’est Loopsider révélant l’agression de Michel Zecler ou Brut relayant l’enquête de Louie Media sur l’inceste.

Sur les plateformes ensuite, où d’excellentes séries continuent de nous raconter l’époque. En 2020, c’était, entre autres, “Le Bureau des Légendes” pour comprendre le hacking d’État en Russie ou “I may destroy you” pour interroger les zones grises du consentement.
Hâte de voir ce que 2021 nous réserve en nouveautés, alors que le réel semble déborder de récits en quête d’auteurs. 

On rira puis, on ira danser

Parce que “l’humour est l’affirmation de la supériorité de l’homme face à ce qui lui arrive”. On s’armera de cette phrase de Romain Gary pour continuer à rire dans l’adversité. On rigolera sur Instagram en regardant ces humoristes qui nous ont rendu le confinement plus léger, et on se précipitera dès qu’on le pourra dans les nombreux comedy clubs ouverts avant la pandémie.

On retournera aussi dans les salles de concert, on ira au stade, on repeuplera les festivals, on ira danser. 

Qu’on ait hâte de répondre “Verratti” à l’appel du speaker du Parc des Princes, qu’on attende avec impatience les danseurs de Preljocaj au printemps ou qu’on souhaite retrouver la ferveur du Hellfest début juin, chacun de nous veut renouer avec cette émotion collective qui lui manque. Elle sera plus belle encore qu’elle ne l’était, car on aura conscience de sa fragilité et du privilège de pouvoir vibrer à l’unisson, sans écrans ni plexiglas interposés.

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