Idées

Agences et inclusivité, ce qu’il reste à faire

Avec le récent scandale de la ligue du LOL ou l’émergence du Lionnes Club, la parole s’est libérée sur les oppressions que subissent les femmes dans les agences. Mais pour ne pas en rester au stade de “kick off” d’une nouvelle organisation de la vie dans ces milieux, il reste du pain sur la planche…

La disruption et l’innovation sont des valeurs chères aux agences et ne sont pas des concepts réservés aux avancées technologiques ou aux nouvelles méthodes de travail. On peut également les appliquer à des problématiques comme le quotidien de groupes sociaux victimes d’oppressions. Parmi lesquels, les femmes.

Voici une liste, non exhaustive, de recommandations à mettre en place pour que chacun se sente à l’aise et en sécurité sur son lieu de travail.

Agences et inclusivité
Photo by Lindsey LaMont on Unsplash

Arrêter d’utiliser le corps des femmes pour vendre ou communiquer.

Même si certaines personnes — pour qui leur ressenti et leur intuition ont plus de valeurs que des milliers d’heures de recherches et des milliers de pages basées sur des protocoles scientifiques fiables — pensent le contraire, l’environnement — et donc ce que nous créons dans nos agences — est hautement responsable de la façon dont nous nous construisons, de notre perception de la réalité. En matière de construction oppressive, la pub et la com sont dans le box des accusés, un détour sur par la page Pépite Sexiste devrait vous en convaincre. Mais rien n’est irrémédiable.

Facile à mettre en place : arrêter de genrer les produits qui n’ont aucun rapport avec le genre (TOUS); arrêter d’utiliser des stéréotypes de genre dans nos campagnes; arrêter de sexualiser le corps des femmes pour vendre des produits qui n’ont aucun rapport avec la sexualité — ou alors commençons à sexualiser les hommes pour vendre du poulet et des pare-brises.

Arrêter d’ignorer les menstruations

Une partie de la population — la moitié de l’humanité en fait — a un utérus, et a donc ses règles. Cela fait quelques années que c’est comme ça et pourtant c’est toujours un tabou.

Peut être parce qu’à force de montrer du sang bleu, des femmes qui sourient à la vie, avec une soudaine envie d’aller à la piscine ou de faire du cheval, on a installé l’idée que si une femme est de mauvaise humeur ou fatiguée quand elle a ses règles, c’est juste parce que c’est une chieuse. Brisons le tabou. Laissons les collaboratrices en parler librement si elles en ressentent le besoin.

Facile à mettre en place : Faciliter leur télé-travail sans poser de questions quand leur menstruations sont le plus douloureuses; mettre à disposition gratuitement des protections hygiéniques; et arrêter les blagues et reprendre ceux qui en font.

Ne pas couper la parole et la répartir

C’est l’un des aspects les plus durs à changer, parce que le plus inconscient, le plus intériorisé par chacun. On laisse toujours plus la parole aux hommes qu’aux femmes, et on les coupe beaucoup plus. Alors, donnons la parole aux femmes, encore plus que nous ne le faisons déjà et ne les coupons pas. Faisons en sorte qu’elles soient vecteurs de conversations, d’avis et de décisions importantes autant que les hommes. Et si vous êtes tenté de dire “oui mais si ça se trouve, ça va empêcher un homme de dire quelque chose d’important” c’est que vous considérez qu’une femme n’aurait pas pu dire cette chose importante.

Et, lorsque que la parole est coupée, redonnons-la aux personnes à qui elle a été prise. Attention, à faire SI la personne à qui on l’a ôté ne la reprend pas d’elle même. Parce que si on vole à son secours sans qu’elle ait pu répliquer d’elle même, on tombe dans l’infantilisation. Et ça aussi, c’est sexiste.

Facile à mettre en place : À chaque réunion, faire un tour de table avec un temps de paroles équitable pour s’assurer que les collaboratrices puissent prendre la parole.

Arrêter de systématiquement remettre la parole des victimes en question

Des femmes sont victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles, verbales et/ou physiques, et de viol. Par des gens qu’elles connaissent, sur leur lieu de travail, dans le milieu des agences. Et si de telles choses continuent de se produire, c’est parce que le premier réflexe de la plupart des gens est de minimiser ou de mettre en doute leur témoignage. Trop souvent on entend des paroles telles que “c’est pas grand-chose, fais abstraction”, “c’était juste pour plaisanter”, “peut-être qu’elle ment”, “ ça pourrait nuire à la carrière de celui qu’elle accuse”…

Il est peu probable que ces phrases soient vérifiées. Les femmes n’ont rien à gagner à accuser un homme à tort, elles ont même — et c’est un problème — beaucoup à perdre à accuser un homme à raison. Et malheureusement, même en étant reconnu coupable de viol par la justice, il est rare que la carrière d’un homme s’en trouve affectée pour très longtemps.

Il est important de se dire : “Comment je me sentirais si je recevais à répétition ce type de message/geste insistant ?” “Est-ce que ça la fait rire/est-ce que moi ça me ferait rire ?” “Comment cela va affecter sa carrière” et surtout, “Et si elle disait la vérité ?”. Ensuite, si une personne se plaint d’avoir été harcelée, agressée et/ou violée, il faut éloigner le plus rapidement possible le collaborateur incriminé. Faites le, protégez-la.

Enfin, il pourrait se trouver d’irréductibles pour dire que les hommes aussi peuvent se faire harceler, agresser et violer sur leur lieux de travail. Pour faire court :

1- C’est vrai, mais ça n’est pas une norme

2- On peut être sur que si la situation s’arrange sur l’accueil et le traitement des harcèlements, agressions et viols dont sont victimes les femmes, les victimes hommes en bénéficieront tout autant.

Facile à mettre en place : Lorsqu’une personne vient vous parler d’une situation de harcèlement, prenez sa parole au sérieux.

On est tous le sexiste d’un autre

Dans l’écosystème actuel des agences, il serait surprenant de croiser un collaborateur affirmant ouvertement que les femmes/personnes racisées/personnes LGBTIA+ sont inférieures aux hommes blanc cis het. Les personnes travaillant dans ce milieu seraient plutôt du genre à être outrées et à se sentir agressées si on venait à leur reprocher d’être sexiste/homophobe/raciste/transphobe/validiste

Et pourtant tous le sont et nous le sommes tous. Car, à tous ils nous arrivent d’avoir des comportements oppressifs : nous sommes nés, nous avons grandi, nous nous sommes construits et nous vivons dans un environnement qui l’est. Et se déconstruire pour se défaire des idées reçues et des mécanismes oppressifs est un travail long et infini. Donc si quelqu’un vous reproche un tel comportement, n’ayez pas comme premier réflexe de vous défendre. Posez-vous la question. Dans 99% des cas, vous étiez effectivement en zone problématique.

Facile à mettre en place : Partez du principe que, comme tout le monde, vous n’êtes pas parfait, mais qu’en adoptant bienveillance, écoute et remise en question, les situations d’oppression devrait déjà devenir plus rare.

Même si il reste une myriade de sujets à aborder, avec ça, vous devriez avoir quelques clefs pour améliorer le quotidien des femmes de votre agence.

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