Idées

Ces travailleurs du digital qui fuient les écrans (et pourquoi ils sont quand même bons dans ce qu’ils font)

Il y a le cliché du monde de la comm et des startups tech, un monde souvent très parisien, et surtout : digitalisé. Mais les personnes qui font tourner cette industrie sont souvent les premières à en prendre leurs distances. Tentative d’explication d’un paradoxe générationnel.

A Paris, nous avons tous un ami qui travaille dans le digital. Lecteur de cet article, tu as toi-même une chance sur deux d’être cet ami. Expliquer son métier lors des repas de famille peut s’avérer complexe. Ce que l’on entend à l’apéro, c’est que ces jeunes personnes dynamiques possèdent trois comptes Instagram, achètent sur Internet, sont inondés de newsletters pro, incollables sur les outils (genre Slack, pas genre tournevis) et à l’aise sous une pluie de notifications incessantes. Vraiment ?

Sur un échantillon (forcément biaisé, ok) de 4 déjeuners pro en une semaine, force est de constater des messages étonnamment ressemblant : “Je ne suis plus sur Facebook, et j’ai mis Insta en veille pour quelques mois.”, “J’ai demandé un téléphone pro, perso je suis revenu à mon Samsung Solid de base”, “Cet été ? Je vise tous les endroits zéro réseau”. “Je ne travaille plus que 4 jours par semaine, j’ai besoin de longs weekends pour aller faire du surf”.

Ces travailleurs du digital qui fuient les écrans
© Peter Beard

Il semblerait que les excès de la digitalisation, notamment sur les lieux de travail, renforcent chez tout un nombre de jeune diplômés une appétence pour le off, pour les années sabbatiques et les randonnées dans le Vercors. Pour les reconversions plus ou moins hasardeuses aussi, mais c’est un autre sujet. Une génération d’êtres hybrides, qui avancent avec leur temps, qui saisissent les enjeux du digital, mais qui si on leur laissait le choix (s’ils osaient être plus radicaux dans leurs choix ?!), opteraient

  1. pour des daily doses de livres et de nature, en opposition radicale au trop de tout, de contenu, de notifications, de sollicitations, de stimulations. #burnout
  2. pour un soutien aux grandes causes à coups de projets personnels. S’il y a bien une chose qui caractérise les millenials dont font partie ces travailleurs du digital, c’est leur besoin de donner du sens à leurs actions et à leur travail. #purpose

Le digital est acquis. On s’y range, on y trouve sa place, on y trouve de quoi caser ses compétences, on y est pas trop mal ! Mais la plupart du temps on rêve de voir l’horizon un peu plus souvent. Et de reconnecter son activité plus systématiquement à quelque chose d’utile, créateur d’énergie positive.

Ce constat est surtout intéressant en terme d’impact sur le travail fourni et les contenus produits. Car concrètement, on se retrouve avec le paradoxe suivant :

Ceux qui produisent votre contenu ne le consomment pas. Ou alors pour des raisons strictement professionnelles.

Ceux qui façonnent le digital d’aujourd’hui et de demain sont ceux qui ont déjà appris à s’en méfier et à s’en émanciper. C’est plus largement vrai pour ceux qui ont pensé les mastodontes digitaux comme Facebook ou Google.

Ce biais est absolument à prendre en compte au moment de définir la cible de ses opérations, le pourquoi de sa production de contenu. Il ne s’agit pas de faire plaisir à un client ou à une direction marketing, mais d’apporter quelque chose de réellement pertinent. Et pour cela il faut souvent penser en dehors des circuits de la communication digitale balisée, plus ou moins formatée, en copiant les uns sur les autres. C’est une exigence qui fait de cette génération de travailleurs digitaux autre chose que des moutons.

Cette posture critique face au digital n’empêche pas de faire de la veille, d’utiliser les réseaux sociaux en outil de travail, d’être à fond aux côtés des clients pour les accompagner au mieux. D’être sensible à des sites intelligents, à des dispositifs bien pensés, à des opérations de communication malignes.

Cette posture en demande davantage au travail : que l’on prenne plaisir à l’accomplir, qu’il préserve des espaces de créativités. Surprendre. Penser à l’envers. Prendre le temps de s’ennuyer pour être plus productif. Pour inventer des formats qui visent juste, qui tiennent compte de cette réalité bizarre dans laquelle on vit.

Car le digital a besoin de se nourrir d’autre chose que du digital. De neurones oxygénés et de coeurs exposés à des expériences tangibles. Il faut juste re-brancher nos circuits.

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